Ce sont les Fourberies de Scapin (1671) et Molière qui ouvrent la nouvelle collection « Theatrum Mundi ». Dans son introduction magistrale, Florent Libral, spécialiste de littérature française du XVIIe siècle, ancre la pièce qui est située à Naples dans un contexte de comédie italienne revisitée où, loin d’une écriture simple, Molière montre toute l’influence de l’univers italien parfaitement adapté au goût français. « Les Fourberies contiennent donc des audaces indéniables, que Dario Fo évoque dans son Grommelot (2003), fiction où Scapin apprend à Molière comment dissimuler des propos subversifs en une langue codée » écrit F. Libral qui démontre ici toute la modernité d’une comédie longtemps considérée à tort comme « mineure ». Les personnages y sont enlevés, les rebondissements incessants et on se réjouit des fourberies d’un Scapin qui malmène l’ordre social en renversant l’ordre familial.

L’ouvrage est illustré par Frédéric Lère qui nous offre une lecture subtile d’une comédie vue comme un jeu de quilles où les personnages, toujours chancelants sur le fil du rasoir, risquent d’être renversés à tout instant par la Fortune. Renvoyant par là aussi aux stéréotypes de la Commedia dell’Arte, les figures rigides et figées des masques italiens s’animent dans des gravures de pleine page ou des culs-de-lampe subversifs sur les planches d’un théâtre de papier.